1 – Préhistoire… Gallo-romains
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De nouvelles études pour connaître le passé et comprendre le présent
Les réserves naturelles de Passy et de Passy-Sixt-Fer-à-Cheval sont au cœur d’un vaste programme de recherches archéologiques, financé par l’Agence Nationale de la Recherche et coordonné par Fabien Arnaud du laboratoire EDYTEM[1] de l’Université de Savoie. L’objectif est de connaître l’évolution du climat et de retrouver des traces des premiers habitants des Alpes du Nord, entre le mont Blanc et le Rhône.
Du temps des romains
En 2001, un carottage sédimentaire réalisé au lac d’Anterne révélait une contamination au plomb, avec un pic très important au début du troisième siècle de notre ère, période où la civilisation romaine était à son apogée dans les Alpes. Comme l’explique Joël Serralongue, chef du service archéologique départemental, ces mesures témoignent du développement des activités métallurgiques et confortent l’importance industrielle et économique de Passy à cette époque.
Nos ancêtres plus lointains
Le 13 novembre dernier, à l’invitation des Amis de la réserve naturelle de Passy, Pierre-Jérôme Rey, présentait les 1ers résultats des sondages réalisés sur l’itinéraire du col d’Anterne, depuis les Gures jusqu’à Sixt. Près du Petit Col d’Anterne, vers 1850 m d’altitude, ont été trouvés des quartz et des silex taillés, attestant la présence humaine au néolithique, une découverte rare, aussi loin dans les massifs alpins internes. Plusieurs enclos et petits bâtiments en pierre, probablement liés aux pratiques pastorales, ont été sondés sur le plateau d’Anterne et le flanc ouest de Pormenaz. Quelques fragments de poterie permettent de dater certaines de ces structures du début du Moyen-Âge. La plupart n’ont pas livré de mobilier mais leur forme présente des similitudes avec des sites de l’Âge du Bronze connus dans les Alpes du Sud. Une série de datation au carbone 14 sur des fragments de bois carbonisés devrait permettre de vérifier cette hypothèse qui est compatible avec les premiers indices de défrichement observés dans les carottages du lac d’Anterne. Ces recherches ont bénéficié d’un précieux soutien matériel des refuges de Moëde-Anterne et d’Alfred Wills. Les sondages vont se poursuivre en 2010 et devraient satisfaire en particulier François Durand, Président de la Société d’archéologie de la Haute Vallée de l’Arve. C’est l’occasion de rappeler à ceux qui en posséderaient que les objets archéologiques sont précieux pour la connaissance et le patrimoine commun.
[1] Environnements DYnamiques et TErritoires de Montagne
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Les témoignages préhistoriques sont rares, deux tranchants de haches trouvés à Bay et aux Storts.
Dans l’Antiquité, Passy est habité par deux peuples celtes, les Ceutrons, d’origine ligure, et les Allobroges qui repousseront les précédents en altitude pour occuper la plaine et ses coteaux.
Les romains[1] les soumettront, les Allobroges tout d’abord puis les Ceutrons. En 74, sous le règne de Vespasien, ils règleront les différents entre ces peuples en délimitant leurs territoires respectifs par une borne explicite au col de la Forclaz .
Au massif des Gures, des murs en dalle de micaschiste et une pierre dite « de sacrifice » signent l’existence d’un ancien camp fortifié celto-romain.
Plus en amont, au Châtelard, la galerie de la Rateriaz, creusée dans le rocher, laisse penser à un aménagement hydraulique probablement lié à une exploitation minière.
De nombreux vestiges d’un bourg et d’un petit temple dédié au dieu Mars ont été trouvés au lieu-dit Les Outards et alentours[2].
Trois ex-voto dédicacés par des magistrats romains sont visibles, scellés sous le porche de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul du chef-lieu .
Passy, relais sur la voie secondaire menant de Genève au Valais et au col du Grand-Saint-Bernard, est un lieu d’échanges de produits agricoles et en particulier du « vatusicum », fromage ceutron estimé à Rome[3].
La culture de la vigne date de cette époque là.
Le toponyme Passy pourrait ainsi dériver d’un patronyme romain, Passius ou Vatiscum, transformé au cours des temps. Le nom de Vatusium figure encore entre Annecy et Martigny sur la carte « Antiquae et novae », publiée en 1825 par l’anglais Joseph Parker.
Passy sera plus tard réputé pour sa culture céréalière, ses vergers et notamment ses quetsches séchées dans des paniers appelés séchieux, comme en témoigne la fête d’automne du même nom. Cette économie agropastorale durera jusqu’à la fin du XIXe siècle.
[1] Province de la Gaule narbonnaise, capitale Vienne.
[2] Fragments de colonne, chapiteaux, pièces de monnaie, lampe à huile, fragments de tuiles et de poteries, enduits peints, fibules, clous et anneau.
[3] Pline l’Ancien, HN 11, 97.