Notre-Dame-de-Toute-Grâce

LE PLAN

ASSY NDTG PLAN TOBE ©

LA DOCUMENTATION DE BASE

PASSY NDTG ATOT 2016 © medium

LIVRET FAMILLES

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HISTORIQUE

Le joyau passerand, bâti par Maurice Novarina[1] à partir de 1938 et consacré en 1950, est l’œuvre du chanoine Jean Devémy, aumônier du sanatorium de Sancellemoz, offert à la population nouvellement installée sur le site.

Le fondateur l’a voulu à l’image des chalets traditionnels, solidement ancrés au sol, l’architecte, en accord parfait avec la tectonique du paysage.

ND de Toute-Grâce, M. Novarina, architecte (A. Tobé©)

C’est sur les conseils de son ami dominicain Marie-Alain Couturier, co-directeur de la revue « L’Art sacré », que le chanoine va « parier pour le génie » et inviter, pour illustrer les thèmes bibliques, les plus grands artistes modernes, sans tenir compte, ni de leurs croyances religieuses, ni de leur idéologie politique : Rouault et Bazaine pour les vitraux, Bonnard, Lurçat, Matisse, Braque et Léger pour les décors muraux, Richier, Lipchitz et Signori pour les œuvres sculptées, etc.

Lors d’un concert, A Tobé©

Les jeunes malades ou leurs proches, Kijno, Mary et Strawinsky auront également le bonheur de participer à cette aventure de l’art sacré.

La dernière Cène, détail, L. Kijno, peintre (A. Tobé©)

Christ & tabernacle, détail, C. Mary, sculpteur (A. Tobé©)

Voilà ce qu’on appelle la leçon d’Assy.

Église des malades, église de montagne dialoguant avec le ciel, Notre-Dame de Toute-Grâce a réconcilié l’Église institutionnelle avec l’art vivant ; elle est en cela la référence du renouveau de l’art sacré au XXe siècle.

Elle entrera dans l’histoire de l’art avant même sa consécration, mais ne sera complètement protégée qu’en 2004.

[1] L’architecte fut choisi parce qu’il avait auparavant bâti avec succès l’église Notre-Dame des Alpes (1938), au Fayet Saint-Gervais-les-Bains. Le décor signé par trois artistes de la Société St-Luc de Suisse Romande en fait une étape indispensable pour comprendre ce qui s’est passé à Assy.

POUR VOUS AIDER

L’EGLISE NOTRE DAME DE TOUTE GRACE

Entre 1926 et 1937, une importante station sanatoriale s’installe sur les hauts plateaux de Passy, aux hameaux d’Assy. Le Chanoine Jean Devémy, aumônier du sanatorium de Sancellemoz, est chargé d’y bâtir une église qui va devenir l’édifice-clé du renouveau de l’art sacré au XXe siècle. L’architecture, confiée à Maurice Novarina, s’inspire des solides chalets savoyards. L’auvent, profond de 5m, est soutenu par 6 piliers massifs. Le clocher, haut de 28m, élève le regard jusqu’aux sommets de la chaîne des Fiz. La pierre verte du pays (Grès de Taveyannaz) est choisie pour le gros oeuvre, l’épicéa pour la charpente et les ardoises vertes des Ardennes pour la toiture.

Conseillé par son ami le père dominicain Marie Alain Couturier, pour qui « tout artiste vrai est un inspiré », le chanoine « parie pour le génie » et invite, pour la décoration, les plus grands artistes modernes sans tenir compte de leurs croyances religieuses ni de leur idéologie politique. Voilà ce qu’on appelle « LA LECON D’ASSY ». C’est ainsi que Fernand Léger conçoit pour la façade une mosaïque de 152m2. Au centre, un médaillon où s’inscrit le visage de la VIERGE ; tout autour 9 symboles dont les chrétiens auréolent Marie dans les LITANIES.

LE PLAN – L’ELEVATION. La nef principale à 4 travées est flanquée de 2 bas-côtés. Elle se prolonge par un large chœur semi-circulaire avec un déambulatoire éclairé par les vitraux de Marcelle Lecamp. La tribune de l’orgue se poursuit au-dessus des bas-côtés. Les espaces sont séparées par des arcades en plein cintre, montées sur des piliers monolithes circulaires en granite de Combloux. Les autels et le dallage du sol sont en calcaire de Comblanchien. Le plafond à caissons est en chêne de Bourgogne. Les 8 jambes de force de la charpente, sculptées dans du chêne de Hongrie par Constant Demaison, représentent 2 grands prophètes – MOISE et ISAIE, les 4 évangélistes et 2 docteurs de l’Eglise d’Occident – IRENEE de LYON et BERNARD de CLAIRVAUX.

LE CHŒUR. La conque du chœur est revêtue d’une tapisserie conçue par Jean Lurçat et illustrant le chapitre XII de l’Apocalypse selon st Jean : LA FEMME ET LE DRAGON. 2 grands arbres complètent ce duel : L’Arbre du Paradis terrestre et L’Arbre de Jessé, transcription figurée de la généalogie de Joseph, époux de Marie. Au centre le CHRIST EN CROIX de Germaine Richier, métamorphose du bronze en « homme de douleur pétri par la souffrance » (Isaïe 52,14), les bras ouverts sur une immense tendresse : « Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’au bout. » (Jean 13,1). De part et d’autre, 2 chandeliers en bronze de Claude Mary, élève et assistante de Germaine Richier.

LES AUTELS LATERAUX. L’autel du Saint-Sacrement est orné d’une céramique sur laquelle Henri Matisse a représenté ST DOMINIQUE portant la parole de l’évangile. (L’église est confiée aux Dominicains entre 1941 et 1994). La PORTE DU TABERNACLE, sculptée dans le bronze par Georges Braque, représente le Poisson, symbole des premiers chrétiens avec le monogramme IXTUS (Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur). Pierre Bonnard, en souvenir de son neveu, le Dr Jean Terrasse, qui avait participé à la création de la station, a peint pour l’autel latéral Sud une toile où ST FRANCOIS DE SALES, évêque du diocèse d’Annecy, visite des malades.

LA FACADE OUEST. A la base, 5 vitraux conçus par Georges Rouault : le CHRIST AUX OUTRAGES et le CHRIST DE LA FLAGELLATION, 2 VASES FLEURIS que justifient les paroles du prophète Isaïe, et STE VERONIQUE (chapelle latérale N). A la tribune, les vitraux de Jean Bazaine évoquent 3 saints musiciens : ST GREGOIRE LE GRAND, LE ROI DAVID et STE CECILE.

Les baies latérales sont éclairées par les vitraux de Marie Alain Couturier o.p. (STE THERESE DE LISIEUX et L’ARCHANGE RAPHAEL), Paul Berçot (ST FRANCOIS D’ASSISE et ST VINCENT DE PAUL), Paul Bony (ST PIERRE AUX LIENS), Adeline Hébert-Stevens (NOTRE-DAME DES SEPT DOULEURS) et Maurice Brianchon (STE JEANNE D’ARC et ST LOUIS).

A l’entrée du baptistère, NOTRE-DAME DE LIESSE, que Jacob Lipchitz dédie à la «bonne entente des hommes sur la terre». Les fonts baptismaux ont été décorés par Marc Chagall (la céramique du PASSAGE DE LA MER ROUGE, 2 vitraux quasiment monochromes, L’ANGE AUX HUILES SAINTES et L’ANGE AU CHANDELIER ainsi que 2 bas-reliefs en pierre marbrière, LA COMPLAINTE DU LEVITE EXILE et LE SAUVEUR DE DAVID).

La cuve baptismale, en marbre de Carrare, est signée Carlo Sergio Signori.

A l’entrée de la nef, le bénitier en marbre de Carrare de Benoît Coignard (1994) sur lequel sont gravées en écriture hébraïque les premières paroles de la Genèse.

Sous le chœur, la crypte avec la CENE de Ladislas Kijno, le CHRIST EN CROIX et le TABERNACLE de Claude Mary, 2 mosaïques de Théodore Strawinsky (STE THERESE DE LISIEUX et ST JOSEPH) ainsi que 16 vitraux de Marguerite Huré illustrant des scènes eucharistiques.

Documentation : brochures des éditions paroissiales, cartes postales, K7 vidéo

Paroisse Saint François d’Assise, Communauté du Plateau d’Assy – Passy – Haute-Savoie – France

Messe le dimanche à 10h (Renseignements : Villa St Dominique 04 50 58 80 61)

Entrée libre 9h/12h – 14h/18h – sauf cérémonies (se renseigner au 04.50.58.80.62)


LA LECON D’ASSY par le père. Marie Alain Couturier o.p. – 1950

« Voilà donc terminée cette petite église. Avant même qu’elle ne fût achevée, on en aura parlé dans tous les pays du monde. Depuis plus d’un siècle, pour aucune église cela ne s’était vu : les plus somptueuses basiliques ont pu être édifiées sans attirer, dans les milieux artistiques ou même, disons-le, simplement dans les milieux vraiment cultivés, la moindre attention…

D’où vient à cette église de montagne cette universelle et subite gloire? D’être un chef-d’œuvre? Non, mais d’être née d’une idée juste.

Et c’est cela qui a frappé les gens, en tous pays; c’est cette idée très simple que pour garder en vie l’art chrétien, il faut, à chaque génération, faire appel aux maîtres de l’art vivant. Aujourd’hui comme autrefois, et pour l’art religieux comme pour l’art profane : car l’art ne vit que de ses maîtres – et de ses maîtres vivants. Non des maîtres morts, si précieux que soient les héritages.

Rien ne naît ou ne renaît que de la vie. Même la tradition.

Si donc à Assy on a écarté tout ce qui était académique (Écoles, Prix de Rome. Institut), c’est qu’il n’y a plus, dans ces milieux, aucune sève, aucun germe de renaissance authentique.

Si on s’est adressé aux plus grands des artistes indépendants, ce n’était pas par snobisme, parce que ceux-là étaient les plus illustres ou les plus avancés, mais parce qu’ils étaient les plus vivants. Parce qu’en eux abondaient la vie et ses dons et ses plus grandes chances.

Voilà ce qui a frappé les esprits, partout où la nouvelle en est parvenue : cette vie débordante, violente, follement généreuse de l’art moderne allait donc être agréée, bénie par la sainte et vieille et… maternelle Église! … offerte au Christ comme le plus bel hommage! …

C’est là la vraie leçon d’Assy sa seule leçon. Mais là aussi était le risque : on prend la vie où on la trouve et comme elle est.

Or, cette vie de l’art indépendant n’était finalement très chrétienne ni dans ses thèmes habituels, ni dans ses inspirations… Qu’en attendre qui pût être vraiment sacré?

On décida cependant de «parier pour le génie.»

On se disait : «Tout artiste vrai est un inspiré. Déjà par nature, par tempérament, il est préparé, prédisposé aux intuitions spirituelles : pourquoi pas à la venue de cet Esprit lui-même qui souffle, après tout, où il veut? Et tu entends sa voix… Mais tu ne sais ni où il va ni d’où il vient… »

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