4 – Le Plateau d’Assy
L’architecture moderne au service de la santé (1926-1937)
(Télécharger le dépliant : PASSY ARCHITECTURE MODERNE ATOT ©2013 light)
Les sanatoriums illustrent le génie technique et esthétique de l’architecture du XXe siècle.
Villes dans la ville, ces paquebots des montagnes ont eu une influence considérable sur notre habitat, notamment dans les rapports entre l’homme et son environnement.
Ils signent, grâce à la collaboration de médecins, d’hygiénistes et d’architectes pionniers, un nouveau rapport avec l’air, la lumière et l’environnement ainsi qu’une nouvelle esthétique de l’habitat, des formes inédites, épurées et sans artifices, comme ici Sancellemoz.
Du modèle pavillonnaire à l’édifice rationalisé à l’extrême, ils offrent une gamme complète des solutions mises en place pour répondre à la fonction sanatoriale ainsi qu’à l’utilisation de nouveaux matériaux – le béton armé – et de nouvelles techniques.
Largement diffusée dans la presse internationale de l’époque, cette architecture est à nouveau mise en valeur par les spécialistes et trois édifices ont reçu le label « Patrimoine du XXe siècle » : Praz-Coutant, Guébriant et Martel de Janville, ce dernier étant également inscrit au titre des Monuments historiques.
Cinq établissements possèdent des chapelles dont le décor illustre la tentative de moderniser l’art religieux. Réalisé par des artistes chrétiens[1], il précède de quelques années à peine le grand renouveau manifesté à l’église d’Assy.
[1] Mobilier, décor mural et vitraux de Paul Croix-Marie, Roger de Villiers, Eugène Nys, Paul Pruvost, Fernand Py, le père Ephrem Soccard, Pierre Turpin, Valentine Reyre et Angel Zarraga.
L’église Notre-Dame de Toute-Grâce
(Télécharger le dépliant : PASSY ASSY ND DE TOUTE GRACE ATOT ©2013 light)
Le joyau passerand, bâti par Maurice Novarina[1] à partir de 1938 et consacré en 1950, est l’œuvre du chanoine Jean Devémy, aumônier du sanatorium de Sancellemoz, offert à la population nouvellement installée sur le site.
Le fondateur l’a voulu à l’image des chalets traditionnels, solidement ancrés au sol, l’architecte, en accord parfait avec la tectonique du paysage.
[1] L’architecte fut choisi parce qu’il avait auparavant bâti avec succès l’église Notre-Dame des Alpes (1938), au Fayet Saint-Gervais-les-Bains. Le décor signé par trois artistes de la Société St-Luc de Suisse Romande en fait une étape indispensable pour comprendre ce qui s’est passé à Assy.
C’est sur les conseils de son ami dominicain Marie-Alain Couturier, co-directeur de la revue « L’Art sacré », que le chanoine va « parier pour le génie » et inviter, pour illustrer les thèmes bibliques, les plus grands artistes modernes, sans tenir compte, ni de leurs croyances religieuses, ni de leur idéologie politique : Rouault et Bazaine pour les vitraux, Bonnard, Lurçat, Matisse, Braque et Léger pour les décors muraux, Richier, Lipchitz et Signori pour les œuvres sculptées, etc. Les jeunes malades ou leurs proches, Kijno, Mary et Strawinsky auront également le bonheur de participer à cette aventure de l’art sacré.
Voilà ce qu’on appelle la leçon d’Assy.
Église des malades, église de montagne dialoguant avec le ciel, Notre-Dame de Toute-Grâce a réconcilié l’Église institutionnelle avec l’art vivant ; elle est en cela la référence du renouveau de l’art sacré au XXe siècle.
Elle entrera dans l’histoire de l’art avant même sa consécration, mais ne sera complètement protégée qu’en 2004.
EN SAVOIR PLUS :
http://www.academie-des-beaux-arts.fr/actualites/travaux/Comm.%202008/07-2008-Tob%C3%A9.pdf